Loups
Des pertes double XL

AG
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Édouard Beurton, éleveur à Censerey, met l’accent sur les dommages collatéraux causés par les attaques de loups. La facture peut être très salée et l’exploitation clairement en danger.

Des pertes double XL
L'un des sept tués dans le hameau de Nailly, en 2023.

Un animal au tapis, à lui seul, est déjà insupportable pour un éleveur. « Si l’on ajoute les pertes indirectes liées à une attaque de loup, il y a de quoi devenir fou », souligne Édouard Beurton, qui a perdu sept animaux (bovins et ovins) l’an passé sur son exploitation. Les indemnisations des pertes directes parviennent assez rapidement à l’éleveur, mais les dommages collatéraux, eux, tardent à arriver et sont surtout totalement sous-estimés. Et c’est sur ce dernier point que le Côte-d’orien souhaite insister : « nous n’avons pas déclaré nos trois premières attaques, malheureusement. Pour les quatre sinistres suivants, dans lesquelles deux brebis et deux agnelles sont mortes, nous allons percevoir, ma sœur et moi, la maigre somme de 200 euros pour les pertes indirectes ! Ce montant ne veut rien dire, il ne correspond aucunement à la réalité, ni aux dégâts que nous cumulons. Nous sommes allés le dénoncer fin décembre en sous-préfecture, chiffres en main ».

Il manque 80 agneaux

Édouard et Anne Beurton déplorent de très nombreuses séquelles dans les agnelages : « nous avions 70 brebis pleines et nous n’avons eu que 20 agneaux sur 100 attendus : 50 brebis ont coulé les jours suivant l’attaque et d’autres ont agnelé de petits momifiés… Il manque 80 agneaux aujourd’hui, c’est énorme. Nous avons pris la décision de réaliser des analyses avec le vétérinaire, pour s’assurer qu’il n’y avait aucune maladie. Et il n’y avait rien… La conclusion est la suivante : le stress lié à une attaque de loup est dévastateur chez les ovins, il faut le savoir et le faire savoir. Nous allons devoir racheter des femelles, car certaines pourraient ne jamais refaire d’agneau ». La gestion du loup a totalement perturbé le travail du quotidien du Gaec Beurton Manière : « ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais à cause de ce que nous avons dû faire, notre triticale n’a pas été semé en temps et en heure. Comble de malchance, les pluies sont arrivées et il a fallu attendre fin novembre pour entrer dans les champs. Une baisse de rendements est plus que probable ». Les pertes indirectes de 2023 ont été chiffrées à plus de 40 000 euros sur la ferme : « nous avons intégré le temps passé à s’occuper des animaux, en utilisant les montants horaires du barème d’entraide. La somme finale fait froid dans le dos. Et le retard des versements des soutiens auxquels nous avons droit n’a bien sûr rien arrangé ».

Quand rien ne va

Édouard Beurton fait allusion ici à la DJA de sa sœur, ainsi qu’au paiement de l’ICHN et de la transparence Gaec : « nous avons dû contracter un court terme en attente des versements. Celui-ci à un coût que nous devrons encore absorber… C’est donc une charge supplémentaire imprévue à laquelle nous allons devoir faire face. Que faire ? Personne ne nous vient en aide sur ces différents sujets. J’aimerais que les Pouvoirs Publics et les représentants de la profession prennent conscience que cette situation ne peut pas continuer ainsi, il faut agir et vite ! Aujourd’hui, nous nous sentons bien seuls face à des problèmes auxquels nous pourrions être facilement épargnés. Les charges administratives et les nouvelles règles de la Pac sont injustifiées. Le loup n’aura jamais sa place dans nos campagnes ».