Viticulture
L'autonomie au cœur des vignes

Christopher Levé
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Le mercredi 12 juillet, une journée Innov’action, organisée par la Chambre d’agriculture de l’Yonne, s’est tenue à Viviers, dans les vignes du domaine Louis Moreau. L’objectif ? Présenter le Bakus, ce robot enjambeur autonome bleu, conçu pour le travail du sol.

Vignes
Le Bakus peut travailler durant 10 heures sans s'arrêter.

Le mercredi 12 juillet, à Viviers, dans les vignes du domaine Louis Moreau, les viticulteurs icaunais ont pu découvrir le Bakus, ce robot enjambeur autonome conçu et développé par l’entreprise Vitibot basée à Reims (51), dans le cadre d’une journée Innov’action organisée par la Chambre d’agriculture de l’Yonne. Mais à quoi sert-il ? « On sait que les viticulteurs ont un certain nombre de contraintes : une contrainte de main-d’œuvre, des contraintes environnementales, ou encore des contraintes physiques avec des tâches qui peuvent être difficiles pour le corps humain. Le Bakus est un complément de travail. Il ne remplacera jamais le tracteur et les compétences de l’homme », assure Sylvain Boulard, commercial chez Vitibot.
C’est essentiellement pour cette première contrainte que le domaine Louis Moreau (situé à Beine) s’est intéressé à cette machine. « C’est cette problématique du travail du sol qui nous a motivés, en sachant que l’on est en HV3 et en bio pour une autre de nos structures. C’était un moyen pour nous de contourner le souci de main-d’œuvre », indique Rémy Briffe, chef de culture au domaine Louis Moreau. « C’est la troisième année qu’on a ce robot (dont deux années de location). On l’utilise environ 1 000 heures chaque année, sur une vingtaine d’hectares qui lui sont alloués. Le robot a la capacité de travailler environ 1,5 hectare par jour, en passant dans chaque rang ».

Une machine 100 % électrique

Il faut savoir que le Bakus en est aujourd’hui à sa troisième version, commercialisée depuis trois ans. « C’est une machine 100 % électrique, qui a un très bon bilan carbone. C’est important pour les exploitations, par rapport aux normes environnementales imposées actuellement », reprend Sylvain Boulard. « Toute la production se fait à Reims, avec 83 % de matériaux français ».
Le Bakus existe en deux versions : un modèle S (1,10 m de large et 1,80 m de hauteur) et un L (1,30 m de large et 2,20 m de hauteur) afin de répondre au mieux aux demandes du marché.
Aussi, ces machines sont en perpétuelle évolution en termes de programmation grâce aux 35 ingénieurs de l’entreprise Vitibot qui travaillent quotidiennement pour chercher à proposer les meilleurs services possibles.
Il fonctionne par l’intermédiaire d’un smartphone, fourni, qui n’est dédié qu’à son fonctionnement, avec une portée en wifi direct, soit 50 m environ. Il est capable de travailler minimum 10 heures non-stop.
« Lorsqu’un viticulteur décide de franchir le pas, le premier travail à faire avec le Bakus dans une vigne, c’est de délimiter la parcelle, lui donner son environnement », explique Sylvain Boulard. Les données sont ensuite envoyées à Vitibot qui s’occupe de cartographier la parcelle. « Cela permet de transmettre les informations à une nouvelle machine en cas de remplacement lors d’une panne par exemple. Il faut savoir que les cartographies sont évolutives et peuvent être adaptées en fonction des aménagements des vignerons ».

Un coût de 200 000 euros

Le Bakus est composé de deux balises sur le dessus permettant de suivre les rangs de vigne, une balise de téléphonie à l’avant pour avoir du réseau et pouvoir travailler de manière autonome, et une antenne pour l’arrêt d’urgence à l’arrière.
Sous le capot, on retrouve les batteries (au nombre de quatre) qui se trouvent sur chaque jambe de force, « afin d’apporter un maximum de stabilité à la machine et de redescendre son centre de gravité », précise le commercial de chez Vitibot.
« Au-dessus des batteries se trouve un boîtier de puissance qui va délivrer la puissance à la direction, aux roues et aux outils qui vont être adaptés sur la machine. Ainsi qu’un boîtier cœur qui va gérer toutes les commandes que l’on donne à la machine. Et un ordinateur qui met tout cela en fonctionnement », poursuit-il.
Au niveau de la direction, on retrouve quatre roues directrices sur un angle de 120°. « Il y a trois modes de direction : le standard (la machine sort du rang, fait un virage et reprend le rang suivant), le mode tortue (qui permet de sortir du rang et de tourner sur son axe) et le mode en crabe (qui permet soit d’épointer soit de compenser la perte de dévers pour maintenir le rang) ».
À l’intérieur de la machine se trouvent des perches porte-outils, démontables pour adapter de nouveaux outils à venir. « Dessus, on peut adapter tous les outils mécaniques qui existent actuellement sur le marché, peu importe la marque », assure Sylvain Boulard.
Enfin, devant, se situent des caméras inertielles qui ne détectent qu’un être humain, sur un spectre de 120°, jusqu’à 20 m.
Pour acquérir ce robot enjambeur autonome, il faut compter environ 200 000 euros, quel que soit le modèle.