20 sur 20 en champignons !

Ces dernières semaines, la cité scolaire de Montchapet, à Dijon, a été le théâtre d'un étrange manège : chaque jour, entre midi et 14 heures de nombreux élèves (collégiens et lycéens) disparaissaient dans un sous-sol de l'établissement, avant d'en ressortir. Cela a duré jusqu'aux vacances de Pâques. Les élèves, tous volontaires, étaient impliqués dans le projet Montchap'Ignon d'une production locale de champignons, destinée à alimenter les cuisines de la cité scolaire. L'idée est venue de Sarah Tricon, enseignante en technologie au collège Montchapet, qui l'a proposée à Romain Turban, responsable du service Restauration de la cité scolaire. Les visites régulières des élèves dans le sous-sol, c'était pour venir rendre visite à leurs « bébés », contrôler leur bon développement, les prendre en photo pour les poster sur les réseaux.

Production sous contrôle

La cité scolaire avait acheté 70 ballots de culture qui contiennent du substrat pour une production bio, auprès d'un de ses fournisseurs : la champignonnière de Tanay. Cette dernière a aussi apporté son concours en termes de conseils pour la production. Le principe était le suivant : les élèves ont « adopté » les ballots qu'ils ont personnalisés, en leur donnant un nom ou en les décorant. Chaque jour, dans la pièce dédiée, hygrométrie et température étaient contrôlées. L'équipe s'est débrouillée pour que cette production coûte le moins possible, équipant le sous-sol avec des bâches de récupération, réutilisant des étagères déjà présentes. Montchap'Ignon bénéficie aussi d'une subvention du Conseil départemental de Côte-d'Or, au titre de projet innovant. L'établissement a investi dans deux climatisations qui serviront par la suite pour les bureaux. Le projet a mobilisé 107 personnes (80 collégiens, 17 lycéens et 10 membres du personnel de la cité scolaire). « On a compris que les élèves se prenaient vraiment au jeu lorsqu'ils ont commencé à nous dire « Il faut que j'aille voir mes champignons ! » explique Sarah Tricon. Il y a eu un véritable emballement. Les ballots ont été livrés en deux fois et lors de la deuxième livraison, ils ont été adoptés en 48 heures. Les élèves étaient jusqu'à 4 par ballot. Chez eux, ils ont annoncé qu'ils étaient les heureux parents d'un ballot de champignons ! Parfois, ils sont arrivés un peu en retard en cours pour cause de récolte mais nos collègues ont été conciliants. »

133 kg

Les élèves étaient étonnés de la rapidité de pousse des champignons. Des pesées régulières de la production étaient faites et chaque élève connaissait la quantité de champignons qu'il était parvenu à produire. Un petit challenge en interne s'est ainsi instauré. Les cuisines de la cité scolaire ont utilisé la production. « On les a cuisinés de différentes manières, précise Romain Turban : une partie a été incluse dans des sauces, on les mixait aussi dans des chutneys (sauce aigre-douce), des duxelles (hachis de champignons). On a essayé d'en proposer tous les jours mais sous des formes diverses… Des élèves qui disaient ne pas aimer les champignons en ont mangé sans s'en rendre compte et ont été surpris. » Pour Sarah Tricon, cette expérience aura aussi servi de support pédagogique dans ses cours. Au final, Montchap'Ignon aura permis de récolter 133 kg de pleurotes. Pour le 1er avril, l'équipe avait fait une blague sur les réseaux, déclarant que la production était si importante qu'ils allaient devoir en vendre sur les marchés ! Au bout du compte, l'expérience pourrait connaître quelques prolongements : « On espère gagner un trophée dans le cadre du concours « Génération(s) Ecollèges Côte-d'Or » du Département, en catégorie Alimentation » conclut Sarah Tricon. Les résultats seront connus le 16 juin et la cérémonie de remise des trophées aura justement lieu à la cité scolaire de Montchapet.