Essais colza
Stratégies insecticides et plantes piège

Berty Robert
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Dans le cadre du plan d’action de sortie du phosmet, huit projets ont été conçus. Les premiers résultats de l’année concernant l’un de ces projets, nommé Adaptacol2 et porté par Terres Inovia, étaient présentés en Côte-d’Or.

Stratégies insecticides et plantes piège
Cette visite d'essais dans le cadre du projet Adaptacol2 présentait différentes stratégies insecticides et des expérimentations de plantes piège.

Le plan d’action de sortie du phosmet, lancé fin 2022, vise à identifier d’ici 2025 des stratégies alternatives opérationnelles au retrait du phosmet pour réduire les attaques et la nuisibilité des ravageurs d’automne du colza. Il a donné lieu à l’élaboration de huit projets, dont l’un, destiné à déployer des stratégies alternatives, est porté par Terres Inovia. Adaptacol 2 (c’est son nom), est mené en partenariat avec des acteurs du développement agricole. Il vise à mettre à disposition des agriculteurs et des techniciens agricoles les stratégies de protection intégrée qui leur permettront de limiter les attaques et la nuisibilité de l’altise d’hiver et du charançon du bourgeon terminal sur le colza. Le but est d’accompagner les agriculteurs vers un changement de pratiques à l’échelle de la parcelle et du territoire. Des comités régionaux Adaptacol2 ont été mis en place. Le 11 avril, sur une parcelle de Rouvres-en-Plaine, au sud-est de Dijon, le comité Bourgogne-Franche-Comté présentait les premiers résultats de ses essais. Le but était aussi d’échanger à propos de ce qui est constaté sur le terrain.

Deux essais présentés

En parallèle de ces essais, depuis deux ans et le lancement du plan de sortie du phosmet, des conseillers ont été formés (formation colza robuste). Le suivi Bulletin de santé du végétal (BSV) est également renforcé, un réseau d’expérimentation, portant sur de la caractérisation variétale et sur des intercultures pièges pilotées a été mis en place avec des partenaires : 22 parcelles étaient concernées cette année en BFC. La plateforme qui faisait l’objet d’une présentation de résultats, le 11 avril, offre un regard sur l’évolution des colzas implantés. Deux essais étaient présentés :

- la gestion des ravageurs d’automne, avec les stratégies de positionnement d’insecticides, accompagnée des intercultures pièges pilotées

- essai variétal sans insecticide à l’automne sur le site voisin Phénovia de l’Inrae, pour constater si, oui ou non, il existe des différences de comportement entre les variétés de colza.

Un colza robuste

Le premier fait marquant qui apparaissait sur ces essais était le caractère très poussant des colzas implantés, qui étaient d’emblée très beaux avant l’hiver : une force face à l’arrivée de ravageurs potentiels. La culture a été implantée après du blé et de la féverole et le sol a fait l’objet d’un passage de déchaumeur à disques, d’un autre de déchaumeur à pattes d’oie, d’un passage d’outil canadien (à dents vibrantes) associé à un rouleau juste avant le semis. Des traitements herbicides ont été opérés le 1er septembre (Colzor Trio, 4 l/ha), le 26 septembre (Fusilade Max, 1 l/ha), le 26 novembre (Biwix, 1,5 l/ha) et le 2 février. Du côté insecticides, il y a eu zéro traitement à l’automne, en dehors du dispositif d’essais insecticides et, le 15 février dernier, un traitement du charançon de la tige (Karaté Zéon, 0,075 l/ha). La douceur de l’automne, jusqu’au mois de novembre, a eu pour conséquence des vols importants d’altises, notamment sur début et mi-octobre. Du côté des Charançons du bourgeon terminal (CBT), on a noté un gros pic de vols aux environs du 20 octobre. L’objectif des essais Stratégie insecticides à l’automne était d’évaluer la meilleure action possible pour lutter contre les CBT et les larves d’altises d’hiver. Il s’agissait aussi d’évaluer l’efficacité des solutions à différentes dates d’application et avec la variété de colza Blackmillion. Les relevés du nombre de larves par plante ont été effectués en entrée et sortie d’hiver, le 6 décembre et le 12 février. En entrée d’hiver, la parcelle témoin présentait 18 larves par plante, devant la parcelle traitée au Karaté Zéon 0.075 (17) et celle ayant bénéficié d’un traitement IS1803 0.1 + Actirob B (11). Celles traitées au Minecto Gold ne présentaient que 5 larves par plante. En sortie d’hiver, la parcelle témoin était montée à 21 larves, celle au Karaté Zéon 0.075 grimpait à 23 larves, celle traitée au IS1803 0.1 + Actirob B montait à 16 larves. Les traitements Minecto Gold et Karaté Zéon 0.075 ont obtenu les meilleurs résultats en limitant le nombre de larves à 8 et 9 par plante.

Les atouts du radis chinois

Du côté des intercultures piège pilotée, le radis chinois est plus attractif que le colza sur les altises d’hiver et les CBT. C’est une bonne espèce pour ce type de stratégie. Au-delà de détourner les insectes du colza, le radis chinois, en fonction de la modalité de destruction qui lui est appliquée (broyages, désherbage, gel) permet aussi de tuer les larves présentes en son sein et ainsi de réduire le stock d’insectes pour la saison suivante. À titre d’exemple, en matière de réduction du nombre d’altises émergentes, un désherbage en entrée d’hiver a permis une réduction de leur nombre de 95,8 %. Un prochain comité régional Adaptacol 2 se tiendra le 12 juin. Il permettra d’établir un bilan avec les résultats nationaux agrégés. C’est aussi à cette occasion que seront présentés les protocoles à mettre en place, pour les agriculteurs partenaires des expérimentations.