Photovoltaïque
Une solution pour s'agrandir ?

Chloé Monget
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Si le photovoltaïque au sol en rend certains réticents, pour d’autres, cela peut être une réponse pour obtenir des pâtures à moindre coût.

Une solution pour s'agrandir ?
Emmanuel Mortelmans, à gauche, avec David Guinard, à droite, co-fondateur et directeur général de Photosol.

Le 23 mai, Photosol organisait une visite de son site photovoltaïque de Faye à Verneuil. Pour rappel, Photosol, fondée en 2008, est un producteur d’électricité « spécialisé dans les grandes installations photovoltaïques ou agrivoltaïques au sol ou ombrières » (https://www.photosol.fr/la-societe). Ainsi, l’objectif de cette visite était de dépeindre certains atouts, dont l’accès à des terres, sans investissement financier, pour les éleveurs.

Tout expliquer

David Guinard, cofondateur et directeur général de Photosol, explique : « il faut ouvrir nos portes pour montrer in situ ce qu’est l’agrivoltaïque afin de supprimer les idées reçues sur ce type de technologie. Le site de Faye (Verneuil) est un excellent support de présentation pour les collectivités ou les habitants afin d’instaurer une certaine confiance. Photosol possède 80 installations en France et il nous paraît nécessaire d’accueillir les acteurs du territoire sur certaines pour présenter nos pratiques. En effet, nous avons des critères stricts pour installer un projet, dont trois principaux : la nature du terrain et sa valeur agronomique (nous nous dirigeons vers des terres au sol plus pauvre), l’impact paysager (nous faisons en sort que le paysage soit préservé et privilégions les zones où il n’y a pas d’habitation) et enfin la distance de raccordement au réseau qui peut représenter un coût important (dans le cas de Verneuil, le raccordement est fait à Champvert) ». David Guinard poursuit : « Rien qu’avec ces points, il est clair que toutes les terres ne se prêtent pas à l’installation de panneaux » avant d’ajouter : « L’installation agrivoltaïque de Verneuil est la plus grande de la Nièvre avec ses 70 ha et ce projet agrivoltaïque a permis de soutenir la restructuration d’une exploitation agricole ».

Le modèle nivernais

Ainsi, répartis en quatre parcelles, les 70 ha de Faye accueillent une partie de la troupe ovine d’Emmanuel Mortelmans, éleveur. Installé en 2004, il a repris, il y a environ 5 ans ces terrains, jadis exploité par un autre éleveur. Il stipule : « ce système m’a permis de trouver des terres pour faire pâturer mes animaux (environ 350 ici) durant la période estivale et ainsi conserver celles autour de mes bâtiments pour faire du fourrage ; en vue d’atteindre une certaine autonomie et une sécurité ». David Guinard explique qu'« aucune contrepartie financière n’est demandée à l’éleveur car c’est un échange de bon procédé : lui trouve des pâtures et cela entretient le terrain de Photosol ». La seule condition est donc que le site ne soit pas en friche, Emmanuel Mortelmans détaille : « j’ai un chargement raisonnable de 5 brebis / ha. Celles-ci peuvent y rester 10 mois et demi par an (agnelage en bergerie) la pousse de l’herbe étant plus linéaire sur une pâture agrivoltaïque (pas de coup de bourré au printemps) ». Il met en avant d’autres avantages : « L’eau est également fournie par Photosol. De plus, les panneaux offrent un endroit frais en période estivale puisque nous avons mesuré une différence d’environ 4 °C par rapport à un terrain nu. Les panneaux sont également un abri idéal pour les agneaux durant les giboulées de mars. D’ailleurs, en parlant de pluie, je n’ai pas enregistré une seule mort sur dos, car mes brebis peuvent se frotter contre les poteaux des panneaux. Il est aussi nécessaire de rappeler que les clôtures encadrant le parc sont une protection contre les prédateurs ; un gain financier non négligeable. Enfin, il n’y a pas de problème de prise de poids bien au contraire ! ». Pour preuve, l’étude réalisée par les conseillers de la Chambre d’agriculture de la Nièvre Christophe Rainon et Christophe Dagouneau – grâce au dispositif Prairie sentinelle. Pour plus d’informations, l’Idele a publié un guide sur le sujet : inn-ovin.fr/wp-content/uploads/2021/10/Lagrovoltaisme-applique-a-lelevage-des-ruminants.pdf


Horizons

David Guinard, stipule : « L’agrivoltaïsme est l’une des clefs pour atteindre les objectifs fixés par le gouvernement en matière d’énergies renouvelables – Plan d’ailleurs ambitieux ». Ce dernier est, pour mémoire, de « multiplier par 10 la capacité de production d’énergie solaire pour dépasser les 100 GW et de déployer 50 parcs éoliens en mer pour atteindre 40 GW d’ici 2050 »(1). De son côté, Didier Ramet, président de la Chambre d’agriculture de la Nièvre, martèle : « Dans le département, environ 10 projets agrivoltaïque sont en cours mais il est nécessaire d’insister sur un point. En effet, la Chambre d’agriculture reste vigilante et accompagne ces projets afin de garantir aux exploitants une juste rémunération. De plus, ces installations ne dépasseront par 1 % de la SAU Nivernaise. Il ne faut donc pas avoir peur que le territoire agricole soit recouvert de panneaux mais voir ces projets comme une opportunité ».

(1) https://www.gouvernement.fr/actualite/accelerer-le-developpement-des-energies-renouvelables

 

Changer de pratique
« Je n'ai aucun animal mort sur le dos sous les panneaux car ils peuvent se frotter aux piliers » détaille Emmanuel Mortelmans.

Changer de pratique

Emmanuel Mortelmans explique que la mise sous panneaux d’une partie de son cheptel lui a fait changer quelques habitudes : « Avant j’utilisais beaucoup mon quad ou ma moto pour rassembler mes animaux. Ce procédé n’est pas possible avec les panneaux. Donc, désormais, je les attire au seau. De ce fait, mes animaux sont de plus en plus dociles, ce qui est agréable au quotidien car on retrouve un certain lien avec eux ».