Allonger la durée de mise à l'herbe
L'automne plutôt que le printemps

Berty Robert
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Dans une logique d’accroissement de l’autonomie fourragère des élevages bovins allaitants, destinée à contrecarrer les effets de la hausse du coût des aliments, l’allongement de la période de présence en pré est une option. Elle semble moins risquée si l’on fait le choix de retarder la rentrée en stabulation à la fin de l’automne, plutôt qu’une sortie plus précoce au printemps.

L'automne plutôt que le printemps
Si la tendance à l'allongement de la durée de présence au pré se vérifie, elle semble moins risquée si on l'appréhende sous l'angle d'une rentrée plus tardive en stabulation à l'automne, que par une sortie plus précoce au printemps. Dans les deux cas, les conditions météo de ces dernières années ont permis une bonne optimisation de la ressource fourragère.

La valorisation de l’herbe, les agriculteurs la recherche par tous les moyens, tant l’augmentation des charges peut mettre en péril l’amélioration économique liée à une relative bonne tenue des prix de la viande. Réduire les achats d’aliment et accroître son autonomie fourragère est donc une piste regardée avec attention. Cela peut notamment se traduire par un allongement de la période où les bêtes restent à l’herbe, soit en jouant les prolongations à l’automne, ou en ressortant les bovins de manière plus précoce au tout début du printemps. Des leviers sur lesquels on peut jouer, mais qui réclament aussi de revoir sa manière de travailler. Matthieu Javelle, conseiller bovins viande, fourrages et contrôle de performance à la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, constate quelques évolutions dans ce domaine. Les éleveurs peuvent avoir tendance à aller chercher un peu plus de valorisation de l’herbe, notamment, en automne. « En 2022, remarque-t-il, jusqu’au mois de décembre, on a eu des quantités d’herbe relativement intéressantes à valoriser. Les gens ont tendance à optimiser au mieux sur cette période ». Pour la mise à l’herbe au printemps, même s’il peut être tentant d’avancer la date de sortie des animaux au pré, les choses ne sont pas si simples.

La crainte du froid tardif

Ces dernières années, en Côte-d’Or, des froids tardifs ont pu relativiser, dans certaines zones, le démarrage d’une herbe plus précoce que ce qui était observé historiquement. Le gain de temps de mise à l’herbe s’observe donc plus sur la fin de saison (à l’automne) que sur le redémarrage printanier. « Il faut prendre en compte le fait, poursuit Matthieu Javelle, qu’au printemps, certains éleveurs peuvent avoir une certaine réticence à lâcher les animaux plus tôt, craignant ces froids tardifs, voire des périodes humides. Pour 2023, ce n’est pour l’instant pas le cas. On a eu un début d’année plutôt doux et puis on se trouve à présent dans du froid sec donc, de toute façon, les feux sont moins au vert pour lâcher. Mais si on regarde les années précédentes, notamment 2022, avec février et mars qui ont été très doux, on aurait pu réengager une mise à l’herbe mais, en avril, on a eu une période de froid, avec des gelées… Ce sont des cas de figure qui s’observent assez régulièrement chez nous et qui relativisent cette possibilité d’allongement de la présence au pré en tablant sur le printemps ». Au-delà de la météo, cette question de la mise à l’herbe plus ou moins précoce dépend aussi des animaux eux-mêmes. Les jeunes, les génisses seront plus faciles à lâcher tôt, et moins sensibles aux conditions de tôt « en revanche, souligne le conseiller, pour le tandem « vache + veau », un lâcher trop précoce peut être plus délicat à gérer. Le changement de nourriture, de la stabulation au pré peut être une période très sensible pour les veaux. Il y a une transition alimentaire à effectuer. Il ne faut pas oublier, non plus, que, sur les veaux, les éleveurs ont des protocoles vaccinaux à respecter avant de les lâcher au pré ». Se conformer à ces protocoles implique un temps incompressible qui empêche une mise à l’herbe trop précoce.