Journée internationale des droits des femmes
Camille Brouard, une vétérinaire passionnée

Christopher Levé
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Vétérinaire depuis plus de dix ans à la clinique de la Croix Blanche, à Avallon, Camille Brouard nous raconte son parcours et le quotidien de son activité dans le monde rural. Un métier passion, comme elle aime elle-même le dire. 

Véto
Camille Brouard a réalisé son rêve de petite fille en devenant vétérinaire en ruralité.

Chaque année, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Terres de Bourgogne met en avant des femmes qui travaillent en ruralité.
C’est à Avallon que nous nous rendons pour faire la connaissance de Camille Brouard, vétérinaire en milieu rural. C’est devant la clinique de la Croix Blanche, où elle travaille, qu’elle nous attend. À peine le temps d’échanger quelques mots, nous sommes immédiatement immergés dans son quotidien, lorsqu’elle reçoit un appel pour intervenir en urgence sur une césarienne d’une charolaise.
Des urgences, Camille Brouard en a tous les jours, ou presque. Le temps du trajet, elle nous raconte son parcours. Celui d’une petite fille qui a réalisé son rêve de devenir vétérinaire. « J’ai toujours voulu faire ce métier. Depuis si petite que ce sont mes parents qui me le racontent », sourit-elle, avec sa bonne humeur qui semble la caractériser. « Pour l’anecdote, je me souviens m’être cassé le poignet, lorsque j’étais en CP. En revenant de l’hôpital, j’ai dit à mes parents « plus tard, je serai soit médecin, soit vétérinaire ». J’ai toujours été attirée par la médecine et je suis une vraie passionnée des animaux ». Elle se rappelle même que dès la primaire, elle s’était déjà renseignée sur le cursus complet à suivre pour devenir vétérinaire. « Je ne me voyais pas faire autre chose. Mes parents me conseillaient souvent d’avoir un plan b, car le parcours est difficile pour accéder à ce métier. Je disais oui pour leur faire plaisir mais au fond de moi, c’était clair que c’était vétérinaire ou rien. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si je n’avais pas réussi », dit-elle en riant.
La voie était donc toute tracée pour la jeune femme de 37 ans désormais. Et évoluer dans le milieu rural était pour elle logique, elle qui vient d’une famille de paysans. « Je suis originaire d’Orléans, dans le Loiret. Du côté de ma maman, mes grands-parents étaient exploitants agricoles. Et du côté de mon papa, ma grand-mère avait des chèvres, elle faisait du crottin de Chavignol. Mon oncle était éleveur de charolais. Depuis toute petite, j’ai toujours eu le réflexe de devoir mettre des bottes pour aller jouer dans la cour de la ferme », rit-elle à nouveau.

« Sauver des vies est gratifiant »

Les bottes font désormais partie de son quotidien. Elle les a d’ailleurs déjà aux pieds, avant d’arriver sur la ferme. En quelques secondes, elle s’équipe pour réaliser la césarienne et donner naissance à un veau. Cela fait partie des choses qu’elle affectionne le plus dans son métier. « Lorsque je dois intervenir pour aider une vache à mettre bas, ou à lui faire une césarienne, que je vois le petit veau sortir, secouer la tête et vivre ses premiers instants, c’est beau », sourit-elle. « Il y a aussi le fait de sauver des vies, qui est gratifiant. Cela ne se passe pas toujours bien dans notre quotidien mais ces moments sont beaux ».
Ce qui lui plaît aussi, c’est le contact avec les éleveurs avec qui elle confie travailler « en symbiose ».
Il est clair, vétérinaire n’est pas un métier avec une routine. « Même si on fait souvent les mêmes choses, il n’y a pas une intervention qui est identique. Il y a quelques visites programmées, comme les prises de sang d’introduction, la prophylaxie… Mais il y a surtout des urgences à gérer. On ne sait jamais quand on va nous appeler. Parfois, le matin, lorsqu’on arrive, il n’y a rien de prévu. Puis le téléphone sonne et on est partie pour une journée à enchaîner les urgences. On ne sait jamais à l’avance ce qu’on va faire. Il est difficile de prévoir des visites car les urgences peuvent tout bousculer. C’est pour cela que c’est un vrai métier passion. Comme être éleveur, en fait ».

Croire en ses rêves

Après un peu plus de 10 ans à faire ce métier, à Avallon, là où elle a commencé et où elle est associée à quatre autres vétérinaires depuis mai 2019, Camille Brouard a désormais le recul nécessaire pour conseiller, comme elles, les petites filles qui ont aussi ce rêve d’être un jour vétérinaire. Et pour elle, le meilleur conseil à donner, « c’est de s’accrocher. Si c’est vraiment ce qu’elles veulent faire, il ne faut pas lâcher. Oui, les études ne sont pas faciles, oui c’est long, mais cela vaut le coup à l’arrivée », dit-elle avec les yeux pétillant. « Et malgré les a priori, être une femme vétérinaire en ruralité n’est pas un problème. On est peut-être souvent plus petites, souvent moins fortes que les collègues masculins, mais on est capable de faire ce métier. Cela fait dix ans que je fais ce métier, je n’ai jamais été dans une situation où je n’ai pas réussi à le faire. Il ne faut pas avoir peur de ça ».
Un message qui devrait rassurer les petites filles en quête du même rêve que celui de Camille Brouard.