Éleveurs bovins du Grand Massif central
Le Berceau des races à viande du Massif central interpelle le gouvernement

Christian Bajard, coordonateur du berceau des races à viande du Massif central
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Alors que s’ouvrait le Sommet de l’Élevage, à Cournon-d’Auvergne, Christian Bajard, éleveur en Saône-et-Loire et coordonnateur du berceau des races à viande du Massif central a voulu alerter le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation sur les attentes de la profession.

Le Berceau des races à viande du Massif central interpelle le gouvernement
Le Sommet de l'Elevage constitue une caisse de résonance nationale bienvenue pour faire remonter des messages au gouvernement.

Les éleveurs bovins alertent le gouvernement depuis plusieurs années maintenant, les chiffres sont alarmants. Le nombre d’éleveurs et de bovins est en chute libre dans le Massif central : -26 % d’exploitations d’élevages et -10 % de bovins entre 2010 et 2020, -2,8 % par an de vaches allaitantes depuis 2020. Alors que la production de viande bovine en France a baissé de 5 % en 2022, les importations de viandes de bœuf enregistrent un nouveau record de 22 % de hausse. Les conséquences économiques et environnementales pour les territoires ruraux sont largement sous-estimées. Au-delà des discours, les éleveurs allaitants ont besoin de cohérence et de perspectives claires pour enrayer cette tendance. À l’heure actuelle, cette cohérence est loin d’être établie !

Signaux contradictoires

Les objectifs de politiques publiques se contredisent. Baisse de la production ? Souveraineté alimentaire ? Stratégie bas carbone ? Importations croissantes de viandes ne respectant pas les normes de production sanitaires et environnementales européennes ? D’un côté, les éleveurs du Grand Massif central s’engagent pour adapter leurs systèmes face au changement climatique et pour renforcer les externalités positives – environnementales, sociétales, territoriales – de leurs exploitations. De l’autre, l’État envoie des signaux contradictoires. La préservation de systèmes d’élevage durables sur le Grand Massif central dépendra de la capacité de la France à mettre en cohérence l’ensemble des politiques publiques qui impactent le secteur. En ce qui concerne la rémunération des éleveurs d’abord, nous demandons une application pleine et entière de la loi Égalim 2. Bien que dans un contexte plus favorable en matière de prix payés aux éleveurs, les coûts de production ne sont pas encore couverts. Toutes les entreprises doivent utiliser l’indicateur Coût de production interprofessionnel dans la formule de prix.

Soutenir en priorité les systèmes durables

Des contrôles et sanctions doivent s’appliquer pour ceux qui contournent la loi. C’est à l’État de jouer ce rôle de gendarme. Et c’est au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation d’être d’une fermeté absolue face aux tentatives de remise en cause de la loi sous couvert d’inflation. Quant à la cohérence des politiques publiques, il s’agit de soutenir en priorité les systèmes d’élevage durables qui auront été définis au préalable : protéger les systèmes d’élevages durables déjà en place pour assurer leur pérennité ; faciliter et encourager l’installation d’éleveurs dans ces systèmes ; orienter les choix alimentaires vers les produits issus de ces systèmes. Donnez-nous envie d’y croire !