Stratégie
L'importance du lien bâtiment - revenus

Chloé Monget
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Sébastien Maillot (Gaec des Doreaux à Diennes-Aubigny) a fait le choix, avec ses associés, de monter divers bâtiments dédiés à des activités précises pour maintenir sa trésorerie. 

L'importance du lien bâtiment - revenus
Sébastien Maillot dirige, avec Angélique Maillot, le Gaec des Doreaux située au gros Doreaux (Diennes-Aubigny). Avec la SARL des Doreaux, les structures cumulent 382 ha dont 160 ha de cultures (blé orge colza maïs) et 220 ha de prairies naturelles.

« Tous les choix ont été faits dans l’optique d’avoir une rentrée d’argent constante. Cela s’applique aux productions mais aussi aux bâtiments » souligne Sébastien Maillot (Gaec des Doreaux à Diennes-Aubigny). Pour comprendre cette vision, il faut décortiquer les deux sociétés du site des Doreaux.

Métamorphose constante

Lors de son installation en 2010, Sébastien crée le Gaec des Doreaux avec son père, Philippe Maillot, poursuivant ainsi l’activité d’élevage bovin Charolais – non inscrits (170 vêlages environ). Ils installent deux poulaillers, un en 2010, un second en 2013 (d’environ 1 300 m2 au total). « Le groupe LDC avait un besoin d’approvisionnement en poulet de chair et nous avons accepté cette aventure car ce système nous offrait une rentrée d’argent récurrente puisque le vide sanitaire s’effectue tous les 40 jours (attention tout de même, car le prix reste indexé sur le poids des volailles) ». Cela se maintient tel quel jusqu’en 2021 lorsque Philippe part en retraite qui laisse ses parts à Martine Maillot, son épouse. Angélique Maillot, épouse de Sébastien, est intégrée à la société en 2013, pour développer l’activité de traite (des 25 vaches laitières Normandes) avec transformation fromagère. Au même moment, Sébastien détaille : « LDC est revenu vers nous avec une nouvelle demande, mais cette fois en dinde. Cela nous a encore paru une belle opportunité pour assurer une trésorerie régulière mais à un rythme différent puisque les lots sont ramassés tous les 4 mois – idéal pour se dégager du temps durant les vêlages ». Là, une SARL est fondée par Martine Maillot pour toute l’activité volailles et le GAEC (dirigé par Sébastien et Angélique) conserve le reste des productions et en rajoute une : « je voulais me lancer dans l’engraissement de taurillons. Et nous avons profité de la fin des emprunts des anciens bâtiments pour investir dans ces deux nouveaux projets ». Ainsi, avec la SARL le bâtiment des volailles est monté, et avec le Gaec celui de l’engraissement. À elles deux, les structures (SARL et GAEC) emploient trois salariés à temps pleins – en plus de Martine, Angélique et Sébastien. Il pointe d’ailleurs qu’il est à la recherche d’un autre salarié, polyvalent ou spécialisé élevage à temps plein - selon compétences (1).

À prendre en compte

Pour les anciens poulaillers, LDC a pris en charge l’aménagement des jardins d’hiver. « Ces parcs répondent aux enjeux de bien-être animal et sont bénéfiques pour les animaux. Je suis ravi de leur installation même si cela me demande plus de travail (curage par exemple). En ce qui concerne le nouveau poulailler, il dispose de fenêtres, toujours dans un esprit d’amélioration du bien-être animal avec l’apport d’une plus grande luminosité et une vue sur les extérieurs – agréable pour les volailles mais aussi pour moi. De plus, toujours pour la même inclinaison pour le bien-être de mes animaux, les bâtiments ne sont pas chargés au maximum. Ces trois bâtiments ont été conçus pour être polyvalents, même si je suis en standard ». Il poursuit en insistant : « l’activité volaille est tout à fait adaptée pour des personnes n’ayant pas forcément beaucoup de terrain, car – en standard – cela prend relativement peu de place, et il en va de même pour l’engraissement ». Pour les taurillons, Sébastien insiste : « je suis à 120 taurillons ce qui est déjà bien. Pour le moment, la valorisation via Sicarev me convient donc je ne vais pas augmenter mes effectifs car je pense que nous avons trouvé notre capacité de croisière, et nous ne voulons pas aller au-delà ».

Accompagnement

Pour que ces bâtiments puissent sortir de terre Sébastien Maillot martèle : « sans aide financière tout cela n’aurait pas été possible. Ainsi, nous avons été épaulés par le groupe LDC pour le nouveau bâtiment des volailles. Nous avons aussi eu l’aide de la Chambre d’agriculture de la Nièvre pour monter un dossier PCAE – sur deux volets pour un total d’environ 44 000 euros. En ce qui concerne le bâtiment d’engraissement, nous avons là encore rempli un dossier PCAE, et obtenu 58 000 euros approximativement ». Malgré ces soutiens, il regrette : « ces subventions sont minimes par rapport au coût total, d’autant plus quand on sait que j’ai réalisé une partie des travaux moi-même, pour réduire un peu la facture finale (environ 500 000 euros) » avant d’ajouter : « Les prix pour un bâtiment sont tel que les exploitants ne peuvent les supporter seuls financièrement… c’est incompréhensible car c’est un de nos outils de travail ! ». Pour la suite, le Gaec des Doreaux et la SARL des Doreaux souhaiteraient installer des panneaux photovoltaïques sur ces bâtiments afin de revendre l’énergie : « c’est un investissement important mais qui s’amortit tout seul et qui offre une rentrée d’argent sans rien faire. J’envisage aussi d’en positionner sur une autre toiture pour de l’autoconsommation ; dans tous les cas il faut prendre garde à avoir la bonne charpente pour soutenir le poids des panneaux ». Sébastien conclut : « il faut tendre vers une certaine autonomie afin de ne pas trop dépendre des autres, pour pouvoir vivre dignement de son métier. Il faut bien penser son exploitation – à très long terme – afin de ne pas se bloquer. Ici, le fumier est utilisé pour la fertilisation des cultures et parfois des prairies et qui sont elles-mêmes l’alimentation des animaux. Je pense que nous avons trouvé un certain cercle vertueux même si nous sommes en standard. Certes tout cela fut possible en investissant, mais toujours à un moment opportun pour notre trésorerie afin de ne pas nous mettre en difficulté ».

(1) Pour toute candidature, appeler Sébastien au 06 63 55 06 92