Désherber le soja
Des choix stratégiques et des positionnements tactiques

Terres Inovia
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Maîtriser les adventices dans les sojas est un enjeu de taille pour la production de graines, pour la qualité de la récolte et la gestion des adventices dans la rotation. Cela passe par le choix du programme herbicide en fonction de l’infestation attendue a priori et par le positionnement tactique des applications de post-levée.

Des choix stratégiques et des positionnements tactiques
La maîtriser des adventices dans les sojas est un enjeu de taille pour la qualité de la récolte. (Photo ABT).

Dans les situations où il faut gérer les graminées et/ou des pressions dicotylédones moyennes à fortes, il est indispensable d’intégrer une solution herbicide de prélevée dans la stratégie de lutte.

Graminées et/ou dicotylédones : pas d’impasse sur la prélevée

Les producteurs qui utilisaient traditionnellement le S-métolachlore pour lutter contre les graminées estivales, et qui ne disposent pas de cette solution pour sa dernière campagne d’utilisation, devront se rabattre sur la pendiméthaline (Atic Aqua 1.5 à 1,8 l/ha ou Prowl 400 1.7 à 2 l/ha, privilégier la dose faible en sol filtrant et battant) qui demeure une alternative crédible (figure 1). Le Bismark CS, qui associe pendiméthaline et clomazone, n’est pas suffisamment dosé pour la gestion des graminées. Son action doit nécessairement être complétée par une solution en post-levée. Au-delà de ses propriétés antigraminées, la pendiméthaline appliquée en postsemis-prélevée permet également un premier contrôle des chénopodes et des renouées, principales flores rencontrées dans les sojas. Dans les situations où les astéracées (séneçon, laiteron ou matricaire) posent problème, le métobromuron (Proman, Inigo, Soleto) peut être privilégié en respectant les recommandations de doses liées au type de sol. Le métobromuron s’impose également comme la matière active la plus efficace pour un premier contrôle en prélevée de l’ambroisie, bien qu’il soit insuffisant sans renfort de la post-levée. La clomazone renforce l’efficacité sur chénopode, mercuriale, morelle, éthuse et ammi-majus voire renouées notamment dans les programmes avec une dose de pendiméthaline allégée.

Fractionner les applications de post-levée et intervenez tôt en modulant la dose

En complément des solutions herbicides de pré-levée ou dans les situations où la pression adventice attendue est faible, l’application d’imazamox (type Pulsar 40) est quasi incontournable en raison de son large spectre antidicotylédones et antigraminées. L’efficacité de cette solution est principalement conditionnée par son positionnement qui peut s’avérer tactique. Nombre d’échecs de désherbage sont liés à des applications de post-levée sur une flore trop développée. Le cas du chénopode en est souvent l’exemple le plus flagrant. Le positionnement de la post-levée doit prendre en compte les conditions d’efficacité de l’herbicide et sa sélectivité vis-à-vis du soja. Pour cela, nous privilégions les applications fractionnées avec un passage précoce à dose modulée. Si les adventices sont levées précocement, il est possible d’envisager une application de Pulsar 40 à 0.4 – 0,6 l/ha dès le stade 2 premières feuilles (unifoliées). Une seconde application pourra être réalisée 8-10 jours plus tard à la même dose pour gérer les levées échelonnées. L’adjuvantation avec une huile végétale est indispensable. En cas d’application plus tardive, l’efficacité de l’imazamox sera décroissante et nécessitera alors d’augmenter la dose à 0,625 l/ha + huile végétale, répétée 8-10 jours plus tard.

La bineuse est un précieux allié

En complément des programmes herbicides, la bineuse peut s’avérer être un précieux atout pour sécuriser la gestion des adventices dans les sojas semés à grand écartement. Elle offre un bon niveau d’efficacité sur l’inter-rang, y compris sur des adventices plus développées. Elle peut s’utiliser à partir de 3 feuilles (1re feuille trifoliée du soja) jusqu’à la limite du passage tracteur.

(Crédit Perspectives agricoles N° 518).