Avenir de l'agriculture
Le point de vue des opérateurs économiques

Berty Robert
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Suite de notre série d’articles en lien avec le rapport « Imaginer demain – Agir maintenant » qui concrétise les réflexions et les axes de développement possibles pour l’agriculture régionale à l’horizon 2040. Pour ce cinquième épisode, on s’intéresse aux propositions des opérateurs économiques de l’agriculture pour un développement favorable dans les 15 ans qui viennent.

Le point de vue des opérateurs économiques
Parmi les points sur lesquels les opérateurs économiques veulent agir pour le développement futur de l'agriculture régionale, figure la logistique, et notamment son optimisation, afin d'en réduire les coûts et l'empreinte carbone. (Crédit J.C. Gutner)

Fidèle à l’esprit du rapport « Imaginer demain – Agir aujourd’hui », présenté fin juin par la Chambre d’agriculture régionale de Bourgogne Franche-Comté (BFC), qui compile les propositions de développement envisageables pour l’agriculture régionale à l’horizon 2040, nous nous intéressons, dans ce nouvel épisode, aux pistes envisagées par les opérateurs économiques du secteur agricole. Ces opérateurs sont des acteurs de l’agroalimentaire, issus des grandes filières (lait, viande, grandes cultures). Quelques-uns appartiennent au monde du commerce, que ce soit amont (fertilisants) ou aval (produits du terroir). Deux tiers des 37 opérateurs économiques qui ont répondu à l’enquête menée dans le cadre de la démarche « Imaginer demain - Agir maintenant » sont issus du secteur coopératif. Certains d’entre eux font le constat d’un avenir qui serait de plus en plus difficile à prévoir avec, parfois, des marges trop faibles pour l’accompagnement, l’investissement et la sécurisation des agriculteurs. Il y a également des opérateurs qui constatent et regrettent l’érosion d’une dynamique collective au niveau de la région.

Renforcer l’accompagnement et les coopérations

Aux yeux de ces acteurs, néanmoins, l’agriculture régionale dispose d’atouts à faire fructifier : des productions de qualité, des savoir-faire reconnus, une diversité de productions, une situation géographique favorable de la BFC, au cœur de l’Europe, et des entreprises agiles, dynamiques et coopératives. Fort de ces constats, le secteur avance plusieurs propositions d’adaptation et d’actions concrètes. Face aux problèmes de recrutements qui sont identifiés comme des facteurs structurels de fragilisation de l’agriculture régionale, les opérateurs économiques souhaite renforcer l’attractivité des métiers afférents, et ce en commençant dès l’école avec un regard renouvelé sur les métiers manuels. Ils souhaitent aussi une mobilisation des éleveurs pour être formateurs auprès des élèves de collèges. Autres pistes à explorer, dans un objectif de renforcement économique du secteur agricole : le renforcement de la coopération entre opérateurs et producteurs, ou encore faciliter l’accès de tous les agriculteurs aux énergies renouvelables. Le maître-mot est « accompagnement » : ils veulent que les agriculteurs de BFC soient accompagnés pour remédier au surcoût d’une alimentation 100 % locale, ou, en lait conventionnel, sur le renouvellement et la modernisation des exploitations, ou encore pour faire évoluer les types de productions, notamment dans un objectif de renforcement de l’autonomie protéique.

Une politique en lien avec le concret

Plus largement, les opérateurs économiques appellent de leurs vœux des politiques agricoles plus en lien avec les attentes concrètes des consommateurs, plutôt qu’avec des attentes sociétales, parfois déconnectées des réalités de terrain, et pour lesquelles les contradictions entre grands objectifs et vie au quotidien apparaissent parfois flagrantes. Les exigences sanitaires et sociales doivent aussi s’appliquer de manière uniforme sur les produits français et ceux importés. Sur le plan environnemental, les opérateurs interrogés estiment nécessaire de reconnaître et de valoriser le stockage du carbone. Ils réclament la mise en place d’un plan de réduction de l’empreinte carbone, qui comprendrait la réalisation de bilans carbone, depuis les exploitations jusqu’aux outils de transformation, et l’établissement de plans de progrès. Enfin, leurs attentes pour les quinze ans qui viennent portent aussi sur la logistique, un maillon essentiel de l’économie agricole au sens large : face au coût croissant des transports et à l’empreinte carbone qu’ils génèrent, l’objectif est à l’optimisation des circuits logistiques par la collecte de matières premières au plus près des outils de transformation, par le regroupement de zones de collecte et par l’anticipation des livraisons.