Circuit court
Approvisionnement local : l'exemple d'un territoire

Berty Robert
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Fin avril s’est tenue à Auxonne, en Côte-d’Or, une table-ronde sur l’approvisionnement local. Producteurs, restaurateurs, transporteurs, représentant de la grande distribution et du secteur associatif sont venus témoigner de leurs attentes, de leurs difficultés, mais aussi de ce qui fonctionne dans ce domaine.

Approvisionnement local : l'exemple d'un territoire
La table-ronde organisée par la Capval avait le mérite de permettre des échanges sur la thématique des approvisionnements locaux, forcément complexe.

C’était une première pour la Communauté de communes Auxonne-Pontailler Val de Saône (Capval) : le 30 avril, à Auxonne, elle organisait une Rencontre de l’approvisionnement local, avec une table ronde réunissant des personnalités engagées dans la production, la distribution et la consommation locales à l’échelle de ce territoire du sud-est de la Côte-d’Or. Comme le rappelait Marie-Claire Bonnet-Vallet, maire de Pontailler-sur-Saône, présidente de la Capval et vice-présidente du Conseil départemental, « accroître la part de produits locaux dans les assiettes et garantir une juste rémunération des producteurs sont deux objectifs que nous nous sommes fixés, à travers les Projets alimentaires territoriaux (PAT), du Département et de la Capval ». Convaincue du potentiel que recèle le territoire qu’elle préside en matière de renforcement des approvisionnements locaux, Marie-Claire Bonnet-Vallet reste toutefois lucide sur les difficultés qui entourent ces ambitions. Tout l’intérêt de la table ronde était de présenter les atouts, mais aussi les écueils et les difficultés qui peuvent se poser dans ce domaine : potentiel de productions agricoles, prix, articulation entre grande distribution et marchés de proximité, logistique…

En quête de producteurs locaux

L’une des clés est la capacité à établir des liens entre producteurs et clients : « Le lien de confiance qui se tisse, au fil du temps, avec les cuisiniers de la restauration collective est très important », soulignait Jonathan Lebeau, producteur agricole bio à Tréclun, près d’Auxonne. Sur ce point, il était rejoint par Sébastien Bos, artisan-traiteur lui aussi à Tréclun et client de Jonathan Lebeau. Mais Sébastien Bos évoquait aussi la difficulté d’identifier, sur un territoire limité, des producteurs avec lesquels travailler : « trouver des producteurs locaux n’a pas été simple et j’en cherche toujours, pour du miel, par exemple ». « Nos bénévoles peuvent se déplacer, confirmait pour sa part Liliane Cornot, fondatrice et présidente de l’association d’aide alimentaire Entraide cantonale, pour aller ramasser des fruits ou des légumes qui seraient proposés. On pourrait bénéficier de dons locaux, mais il faut repérer ces producteurs… » Une fois cette étape du repérage franchi, la manière de travailler avec ces producteurs conditionne beaucoup la réussite d’un approvisionnement local : « limiter le nombre d’intermédiaires est une garantie de préservation de mon revenu », poursuivait Jonathan Lebeau, qui fournit en direct des lentilles, des pois cassés, des pois chiches et des haricots secs au collège d’Auxonne, par le biais de la plateforme Manger Bio BFC. Celle-ci fédère une soixantaine de producteurs et sa directrice, Camille Kippeurt, ajoutait : « L’objectif, c’est de regrouper l’offre bio locale à destination de la restauration collective, qui constitue 90 % de la clientèle de la plateforme. En approvisionnement local, on n’a pas d’autres choix que de s’adapter aux territoires et aux productions. On ne peut pas appliquer un schéma fixe. La plateforme peut répondre, pour le compte de producteurs, à des marchés publics. Les prix d’achat des différents produits sont fixés par des commissions de producteurs concernés. La planification des prix est commune et apporte une visibilité aux producteurs ».

Le point clé de la logistique

L’existence de cette plateforme offre un autre avantage : elle gère la logistique des producteurs qui en sont membres. La question du transport et du stockage est centrale dans cette problématique, mais, pour Sylvain Baudry, président de la Fédération nationale du transport routier (FNTR) Bourgogne, dirigeant de l’entreprise de transport Logivia et élu au conseil municipal d’Auxonne, il importe d’utiliser ce qui existe : « ne réinventons pas la roue ! Il faut s’appuyer sur des schémas qui existent déjà. Il y a des transporteurs qui maîtrisent le stockage et la livraison de proximité. Être logisticien, c’est un vrai métier, qui réclame des compétences, des capacités de traçage précis des produits livrés et, in fine, pour préserver la chaîne de valeur des producteurs. Il faut parvenir à optimiser ces logiques d’approvisionnement local en coopérant avec les systèmes logistiques déjà en place ». Autre point essentiel pour les clients comme pour les fournisseurs en approvisionnement local : la visibilité, qui passe en grande partie par la contractualisation. Manger Bio BFC fonctionne ainsi, de même que l’enseigne Lidl, représentée par Clément Gracyk : « Le groupe fonctionne sans centrale d’achats mais avec des contrats, qui sont renégociables. Nous travaillons, par exemple, avec la Sicarev à qui nous achetons 90 bêtes par semaine. Pour le lait, notre marque distributeur Envia distribue du lait fourni par la fromagerie Delin, à Gilly-lès-Cîteaux. Dans notre magasin de Saint-Usage nous proposons aussi un rayon réservé aux producteurs locaux sous leur nom ». Reste que lorsqu’il fonctionne, l’approvisionnement local est un argument valorisant : « me fournir en produits locaux était une volonté de départ pour moi, concluait le traiteur Sébastien Bos. Je communique beaucoup sur cet aspect. Vendre un produit sans savoir d’où il vient me paraît aberrant. C’est cohérent avec le respect qu’on a sur la manière de travailler ces produits ».