Journée BFC au Salon de l'Agriculture
Du soleil... derrière les nuages !

Ludovic Barbarossa
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Le président de la Chambre régionale d’agriculture, Christian Decerle, est revenu, lors de l’inauguration du stand BFC, le 1er mars, sur les relations tendues de ces derniers mois avec la Région. De son côté, sa présidente, Marie-Guite Dufay, a mis en avant le soutien marqué de la collectivité, autorité de gestion des fonds Feader depuis le 1er janvier.

Du soleil... derrière les nuages !
Christian Decerle, président de la Chambre régionale d'agriculture BFC, est revenu sur les relations tendues avec la Région ces derniers mois pour la mise en place du PSN.

« Je voudrais vous remercier madame la présidente ! Comme quoi, ça peut arriver… » Le trait d’humour de Christian Decercle, président de la Chambre régionale d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté (BFC) n’a pas fait ciller un zygomatique de Marie-Guite Dufay. Sa mine renfrognée trahissait vraisemblablement un bouillonnement intérieur. Le propos du président de la Chambre régionale d’agriculture évoquait ici l’exercice prospectif lancé à l’automne sur l’agriculture en 2040. Une initiative (qui a reçu plus de 3 000 réponses) avec la participation pleine et entière du Conseil régional. Une amabilité qui tranchait avec le ton et le propos tenus jusqu’ici, que les oreilles initiées à ce genre de raout institutionnel n’entendent pas tous les jours. Car si le président Decerle a d’emblée indiqué que « le linge sale se lave en famille », il est vite apparu qu’il avait encore quelques griefs à signifier à sa voisine d’estrade. Comme sur le Plan stratégique national (PSN) pour lequel, si la Région a vu son enveloppe sensiblement augmentée, le président Decerle aurait apprécié « que les choses se passent différemment avec la Région. En travaillant dès le départ ensemble, en co-construisant… Un tel niveau de tension dans nos relations fut regrettable. J’espère que cela ne se reproduira plus ! Tout cela appartient au passé. »

Ne pas chercher à diviser l’unité agricole

À propos du loup ou d’une récente vidéo de L214 en Bourgogne, le président Decerle a, là aussi, exprimé sans ambages son désaccord avec la position de Marie-Guite Dufay. Autant de sujets sur lesquels la position du groupe politique majoritaire à la Région n’est pas toujours raccord au gré de la couleur des étiquettes. Avant d’adresser un avertissement à la présidente de Région : « Vous avez devant vous une unité agricole. Plus forte que vous ne l’imaginez. Ne cherchez pas à la diviser ! Ça ne marchera pas ! Soyez respectueux de notre histoire, de nos valeurs… » Une mouche passe ! Devant une assistance nourrie en grades et qualités, Marie-Guite Dufay désamorce d’emblée la tension ambiante. « Merci monsieur le président pour ces mots. Des mots vifs et francs ! Mais c’est ainsi qu’on avance, en se disant les choses. Je suis une adepte du parler vrai ! » Un peu plus tard, elle ira même jusqu’à remercier le président de la Chambre « pour son action dans la négociation du Plan stratégique national (PSN). Un PSN où l’on a retenu une stratégie répondant au changement climatique, tant dans nos grilles de sélection que pour les appels à projets. On souhaite emmener tout le monde sans dogmatisme mais avec pragmatisme ». Rappelons en quelques mots que depuis le 1er janvier, les Régions ont repris les compétences pour la gestion des aides non-surfaciques du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), en particulier toutes les aides aux investissements avec la Dotation jeune agriculteur (DJA), les aides pour les bâtiments, la diversification, le matériel ou les industries agroalimentaires. Autant de dispositifs qui étaient auparavant gérés par les DDT. À ce sujet, Marie-Guite Dufay indiquait qu’un premier appel à projets bâtiments JA sera lancé le 1er avril et un second ouvert mi-mai pour l’ensemble des mesures. « Sur les 6 500 dossiers de la précédente programmation gérée par l’État et qui nous ont été transférés, croyez-moi : tous nos services sont pleinement mobilisés. On proposera un calendrier début avril » annonçait-elle. Ces dossiers de la dernière programmation 2014-2022 concernent le paiement des acomptes et des soldes des différentes aides attribuées (DJA, bâtiments d’élevage, diversification…)

Trouver de nouvelles modalités

Globalement, la présidente de Région ne s’est pas cachée derrière son petit doigt ou n’a pas cherché à minimiser ses désaccords avec la profession agricole. Mais elle s’est attachée à démontrer les fruits sucrés des échanges. Comme sur la DJA. « Il a fallu trouver de nouvelles modalités d’instruction des dossiers en respectant les aspirations des élus régionaux et des JA. Nous souhaitions prendre en considération la transition agroécologique, la création de valeur ajoutée, la dynamique collective ou encore la territorialité car s’installer dans la Nièvre n’est pas la même chose que le faire dans le Haut-Jura. Un accord a été trouvé. Un accord co-construit sur fond de respect mutuel ! Sur les dossiers en cours, je vous assure qu’ils ne seront pas pénalisés par les nouvelles règles au nom d’une transition moins brutale. » La séquence a pris fin autour d’un buffet campagnard (forcément régional !) Comme la veille au soir lors de la soirée gourmande qui s’est déroulée à l’espace BFC du Hall 1. Sauf que là, les propos des deux présidents étaient volontairement plus consensuels. Deux salles, deux ambiances !

La marque régionale ne verra pas le jour

Juste et local en Bourgogne-Franche-Comté ! C’était le nom de la marque que le Conseil régional avait dévoilé lors du Salon de l’agriculture 2022. Un an plus tard, la présidente a annoncé, mercredi 1er mars, qu’elle ne verrait finalement pas le jour. « C’est un grand regret. J’ai senti trop de réticences ! » soufflait-elle. Une marque (pas spécifiquement réservée aux produits alimentaires mais élargie aussi l’artisanat) qui devait permettre de mieux rémunérer les producteurs et structurer les marchés locaux !