Approvisionnement local
Des départements indépendants, une dynamique collective

Cédric Michelin
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Le vice-président du Département de Saône-et-Loire, Frédéric Brochot, avait invité les coprésidents d’Agrilocal à tenir leur deuxième congrès national d’Agrilocal à Mâcon.

Des départements indépendants, une dynamique collective
De gauche à droite : Jean-Luc Durand, conseiller départemental de l'Aude délégué à l'alimentation, Frédéric Brochot, vice-président du département de la Saône-et-Loire et Lionel Chauvin, président du département du Puy-de-Dôme.

Lionel Chauvin, président du Conseil départemental du Puy-de-Dôme, et Jean-Luc Durand, vice-président du Département de l’Aude, étaient enchantés de l’accueil que Mâcon a réservé, début avril, au congrès national d’Agrilocal. S’il fut une réussite, c’est que le département bourguignon connaît bien la plateforme Agrilocal pour l’utiliser depuis 2017 afin de mettre en avant les producteurs locaux auprès des cuisiniers. Les collégiens ont la chance de manger des volailles de Bresse, du Bœuf de Charolles, des fromages mâconnais et charolais, le tout bien souvent cuisiné avec du beurre et de la crème de Bresse. Le reste de l’année, des primes sont reversées aux cantines utilisant le plus la plateforme pour leurs approvisionnements. Les trois élus l’affirment, c’est ce travail d’animation des réseaux qui fait le dynamisme d’Agrilocal. Le Congrès permet des échanges, d’avoir des retours, de voir la diversité des agriculteurs de France. Le chiffre d’affaires de la plateforme ne fait que progresser : 12 millions d’euros de commandes ont été passées l’an dernier. 56 M€ depuis dix ans, prouvant la montée en puissance. Agrilocal se rêve comme le futur moteur de l’application des lois Égalim pour arriver à 50 % d’approvisionnements locaux, de qualité et 20 % Bio. « C’est un travail de long terme », expliquaient les coprésidents.

Aller au bout de la logique

Les départements adhèrent et mettent à disposition gratuitement l’outil et côté acheteurs comme vendeurs, chacun se rassure et se sécurise. Les deniers publics et les revenus des agriculteurs sont préservés : « On est en direct, sans intermédiaire », avec le producteur faisant son prix. Plusieurs départements réfléchissent maintenant à aller au bout de la logique d’une plateforme de vente : stockage et logistique. « Chaque département est indépendant, mais cela peut permettre à des exploitations de grandir », faute sinon de ne pouvoir livrer que des petites quantités, peu rentables. Pour retrouver de la saisonnalité, la plateforme étudie avec des coopératives d’agriculteurs s’il ne faut pas « créer des outils de transformation, comme une légumerie », donnent-ils en exemple. Agrilocal a aussi une mission pédagogique, envers les élèves mais aussi à travers les cuisiniers. « Le pastoralisme entretient les paysages. On travaille avec nos chefs pour mettre en lumière la viande d’agneaux. Avec une recette de tajine, plus sucrée, pour faire aimer le sauté de chèvre qui est une viande plus forte en goût ». Les animateurs d’Agrilocal au sein de chaque département assument donc de multiples missions. « Ce qui marche aussi, ce sont les associations de cuisiniers. Il y a alors une émulation entre scolaire, hôpitaux, communaux, maisons de retraite… ils se réunissent et créent des opérations » ensemble. Agrilocal est la seule plateforme conforme aux codes des marchés publics. 38 départements adhèrent, tout comme quatre Régions, sans oublier les réseaux consulaires (Chambres agriculture, d’industrie, d’artisanat…). « Tous les ans, on a un ou deux entrants », précisent les coprésidents.