Reconversion
Les 1001 vies de Marc

Chloé Monget
-

En 2017, Marc Vincent est dans l'obligation d'arrêter son activité agricole. Un crève-cœur qui ne l'a pas empêché de rebondir pour se lancer aujourd'hui dans un nouveau projet professionnel. 

Les 1001 vies de Marc
Marc Vincent a toujours des vaches sur ses terres  : «cela fait du bien d'avoir cette présence encore ici, ça rappelle de bons souvenirs ». Pour contacter Marc Vincent : marcvincentnego@gmail.com ou au 06 16 70 71 83.

« Lorsque tout s'arrête du jour au lendemain, vous regardez, assis sur une chaise, vos champs être exploités par une autre personne. Alors, on se demande à quoi on sert. C'est très dur à gérer » indique Marc Vincent 59 ans, reconverti depuis peu comme agent commercial dans la vente de compléments alimentaires – phosphore, calcium, vitamines, oligo-éléments, plantes, etc.- pour animaux (bovins, équidés, porcins, volailles, ovins et caprins), d'accessoires (licols de concours et longes) et prochainement de produits d'hygiène professionnels. Anciennement exploitant agricole de 300 ha environ, il revient sur son parcours avec un conseil : « il faut avancer coûte que coûte. À presque 60 ans, j'ai encore une vie devant moi, et elle s'ajoute aux 1000 que j'ai déjà eus ». 

À toute vitesse 

Installé en 1987, il reprend les parts de ses parents au fur et à mesure tout en modifiant le système : « je suis passé en deux ans de 100 ha de prairies et 60 ha de culture à 40 ha de prairies et 120 ha de culture. C'était un choix car, à mon sens, les cultures sont moins contraignantes que l'élevage. Avec la même idée, je suis passé de 80 Charolaises à 80 Limousines (plus simples à gérer). À la fin de ma carrière, j'étais à la tête d'environ 300 ha ». Au fil du temps, Marc ne se ménage pas : « Je ne suis pas patient, donc je faisais tout vite. De ce fait, j'ai abîmé mon dos. J'ai eu 15 ans d'ostéopathie pour terminer à un rendez-vous médical où on m'a annoncé que cinq disques de la colonne manquaient et qu'il fallait tout stopper net. Depuis 2017, je n'ai plus le droit de porter des éléments de plus de 10 kg et je ne peux plus faire certains mouvements. Je me rends compte aujourd'hui que j'aurai dû aller plus doucement, mais c'est toujours plus simple à dire qu'à faire ». En parallèle, Marc perd une autre passion : la céramique.

Touche à tout

« Ça me manque terriblement. Mais la vie est faite de telle manière que je trouve d'autres joies » détaille-t-il en évoquant son commerce de céramique à Tamnay. Avec émotions, il montre les pièces gardées précieusement dans son vaisselier : « Nous réalisions de la céramique dite flambée. C'est un travail de tous les jours pour arriver à un bon niveau – le passage à un système majoritaire de cultures était d'ailleurs un moyen de me dégager du temps pour cela. On peut encore trouver des pièces que j'ai réalisées sous la marque Morvan MVA : pour Marc, Véronique, mon épouse, et Alexandre, mon fils) ». Si la signature reprend ainsi les prénoms de sa famille, c'est aussi car ils ont un rôle indispensable dans la vie de Marc : « Ils sont un soutien sans faille ». Outre la céramique et l'activité agricole, Marc et son épouse se sont aussi lancés dans la gestion de gîtes en 1988 : « cela était naturel puisque ma mère l'avait fait avant moi, et, c'est quelque chose que nous apprécions beaucoup avec mon épouse car cela offre une ouverture d'esprit énorme. On peut découvrir des parcours de vie étonnants, des gens de tous horizons, avec des idées nouvelles. C'est aussi grâce à cela que j'ai pu rebondir après mon problème de santé, car ces rencontres insufflent une envie de se renouveler et de retourner au contact des autres ». En sus de ces rencontres, Marc a trouvé un autre moyen de « garder le lien avec la profession et les amis éleveurs » en se rendant aux marchés et aux concours. 

Avec les autres

« Pour garder la tête hors de l'eau et ne pas m'isoler complètement, j'ai décidé de participer à des événements et des rendez-vous professionnels que je n'avais pas le temps de faire avant mon arrêt. Ainsi, j'ai conservé ce lien si précieux avec le monde agricole en me rendant aux cadrans et aux concours ». Durant cette période, ils discutent avec ses amis et fait de nouvelles connaissances : « nous parlions des pratiques que les uns et les autres pouvaient avoir et au fil du temps je me suis mis à conseiller certains sur l'alimentation, pan incontournable pour avoir des animaux en bonne santé ». Puis, un jour, il fait un bilan de compétences avec la MSA : « avec la longue liste des métiers que je pouvais encore faire, j'ai pris conscience des atouts que j'avais en main. On ne se rend pas compte à quel point les exploitants sont polyvalents ». Puis, une idée lui est venue : « j'apportais aux éleveurs certains conseils, et ils semblaient m'écouter car les résultats étaient au rendez-vous. Alors, pourquoi ne pas en faire mon métier ? ». Ainsi, après 7 ans à continuer sans relâche de vivre, Marc a trouvé : « un projet qui me booste à fond ». Il conclut : « On ne sait pas ce que l'avenir nous réserve, et la vie est parfois très dure à encaisser. Mais, elle mérite quand même qu'on s'y accroche, car elle est pleine de belles surprises et de petits sourires du quotidien qui font au final toute la différence ».