NIEVRE
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La conférence agricole organisée le 11 février à l’Agropôle du Marault par la préfecture et la Chambre d’agriculture ambitionnait de poser les bases d’une réflexion sur l’avenir de l’agriculture départementale. Objectif atteint, en se prêtant au jeu toujours stimulant de la prospective mais avec un enjeu véritable en tête : redonner foi à un secteur très malmené depuis plusieurs années.
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Sur l’écran de l’Agropôle du Marault l’image est forte : elle montre un département de la Nièvre descendant petit à petit le long de la vallée du Rhône pour se retrouver au niveau de Marseille, en 2100, si rien n’est fait pour contrer le réchauffement climatique. Cette illustration, c’est Frédéric Levrault, expert Agriculture et Changement climatique au sein de Chambres d’agriculture France qui l’a utilisé, lors de son intervention, afin que les choses soient claires : le climat de la Nièvre devrait, dans 80 ans, être proche de celui des bords de la Méditerranée, si nous ne parvenons pas à ralentir l’emballement de la machine climatique planétaire. C’était là un des nombreux points abordés lors de cette après-midi d’échanges du 11 février visant à tenter d’imaginer l’avenir agricole nivernais. Un exercice de prospective coorganisé par la préfecture et la Chambre d’agriculture et dont le but était avant tout de stimuler une réflexion concernant une zone géographique pour laquelle le réchauffement n’est pas l’unique motif de remise en question. Réinventer une agriculture saisie par le doute Lors de ces quelques heures, on aura aussi beaucoup parlé de projets territoriaux, de création de valeur, de modèle agricole, de ces zones intermédiaires en souffrance depuis plusieurs années… Un mot, par ailleurs, a résonné dans l’enceinte du Marault : celui de « rupture ». Car c’est finalement vers cela qu’on devra, de gré ou de force, se diriger, pour réinventer une agriculture qui ne manque pas de ressources, mais qui est saisie par le doute sur bien des points. Dans son rapport sur les Zones intermédiaires (ZI), Michel Reffay, ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts au sein du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), soulignait le fait que ces zones qui présentent des coûts à l’hectare équivalents aux zones plus favorisées, affichaient en revanche des rendements souvent inférieurs de moitié. « Si le modèle d’exploitation dominant n’évolue pas, précisait-il, les ZI auront de plus en plus de difficultés. L’heure n’est plus aux ajustements, mais à des scénarios de rupture. L’élevage, par exemple, doit-il se contenter de faire du naissage, ou se diriger vers plus d’engraissement ? » L’ingénieur réclamait des audits globaux d’exploitation et soulignait aussi la nécessité de mettre en œuvre des démarches de création de valeur, accompagnées par l’État, mais pilotées par les Régions, échelon jugé plus pertinent. Des idées et de la persévérance Deux initiatives ont été présentées, comme en écho à ces propos et pour montrer que la Nièvre n’attend pas pour avoir des démarches proactives : la première concernait le groupement d’agriculteurs Des racines et des Plaines, constitué il y a trois ans avec la volonté de redonner des perspectives aux systèmes de grandes cultures. Présidé par Augustin David, ce groupement porte une réflexion sur les légumes de plein champ avec une cible en termes de débouché : la restauration collective. En avançant dans cette réflexion, les différents acteurs concernés se confrontent directement aux difficultés d’un tel projet territorial, réalisant notamment que la restauration collective seule ne serait pas en mesure d’absorber les niveaux de production que pourraient afficher les quinze agriculteurs réunis dans le groupement. C’est aussi la vertu de cette réflexion que de conduire à en saisir les limites. Celles-ci ne sont d’ailleurs pas définitives ou indépassables. C’est notamment le cas pour les porteurs d’un projet d’atelier de découpe à Saint-Benin-d’Azy, né il y a trois ans et qui devrait finalement sortir de terre à l’automne prochain. Là aussi, la logique est bien de générer différemment de la valeur à partir du territoire. Cet atelier est porté par la communauté de communes Amognes-Cœur du Nivernais, avec sept agriculteurs et la Chambre d’agriculture. Si tout va bien, la future structure comprendra un atelier de 600 m2 complété d’un magasin de producteurs locaux et dimensionné pour découper et transformer 100 tonnes de viande locale par an, en créant au passage, des emplois. Mais pour en arriver là, il aura fallu beaucoup de persévérance, comme le soulignaient l’éleveur et président de l’association Natur’Amognes Nicolas Fallet, et Jean-Luc Gauthier et Christian Perceau, respectivement président et vice-président de la communauté de communes. Tenir un cap Une persévérance qui illustre aussi un point soulevé par Michel Reffay dans son analyse de l’avenir du département : « Pour développer le territoire, il faut des animateurs qui tiennent un cap » sous-entendu au-delà des échéances ou des rivalités politiques… Aider à établir un lien entre idées et élus pour faire naître des projets, c’est précisément la vocation que Didier Ramet attribue à la Chambre d’agriculture départementale qu’il préside. Dans cet horizon de rupture qui se dessine, l’organisme consulaire doit évidemment prendre toute la place qui lui revient, en intégrant le niveau d’incertitudes propre à tout exercice de prospective. La conférence agricole du Marault fut aussi l’occasion de dévoiler cinq scénarios possibles pour les zones intermédiaires du département à l’horizon 2030. Là encore, un véritable réservoir à idées sur lequel nous reviendrons dans notre prochain numéro, à paraître le 26 février. Berty Robert |
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